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Pénurie d’eau en 2040 : les régions à risque

D’ici 2040, près d’un tiers de la population mondiale vivra dans des régions confrontées à un stress hydrique extrême selon les projections de l’ONU. Certains territoires connaissent déjà des restrictions drastiques, tandis que d’autres voient leurs réserves s’épuiser plus vite que leur capacité de renouvellement. Le déséquilibre entre consommation et disponibilité s’accentue, affectant aussi bien les grandes métropoles que les zones agricoles.

Des pays traditionnellement épargnés apparaissent désormais sur la liste des zones à risque, bousculant les certitudes établies. Les facteurs démographiques, climatiques et industriels redessinent la carte des vulnérabilités.

Pénurie d’eau en 2040 : comprendre les causes d’un risque mondial grandissant

La pénurie d’eau ne relève plus du lointain scénario catastrophe : elle s’installe de façon concrète, portée par une conjonction de facteurs qui s’aggravent d’année en année. D’abord, la pression démographique ne fléchit pas. Selon le World Resources Institute, la population mondiale devrait avoisiner les 9 milliards d’individus en 2040. Cette croissance amplifie les besoins en ressources renouvelables en eau douce, tandis que la quantité disponible pour chacun fond comme neige au soleil.

Le changement climatique vient bouleverser la donne. Répartition des précipitations déréglée, sécheresses plus fréquentes, nappes phréatiques qui ne se reconstituent plus : le tableau n’a rien de rassurant. Les rivières, les aquifères, voient leur niveau baisser, surtout dans les bassins déjà densément peuplés d’Asie ou d’Afrique. Dans certains cas, la recharge annuelle ne suffit plus à compenser les prélèvements.

L’agriculture et l’industrie absorbent à elles seules jusqu’à 70 % des prélèvements d’eau douce mondiaux. Entre irrigation massive, transformation alimentaire et production d’énergie, la ressource s’évapore à grande vitesse. Ajoutez à cela des infrastructures inefficaces et des réseaux vieillissants : chaque année, des millions de mètres cubes disparaissent à cause des fuites et des déperditions, comme le souligne le World Resources Institute.

Pour clarifier les notions souvent évoquées dans ce débat, voici quelques repères clés :

  • Stress hydrique : seuil franchi quand la disponibilité tombe sous 1 700 m³ par habitant chaque année.
  • Ressources renouvelables en eau : tout ce que la nature régénère via les précipitations et le ruissellement.
  • Hausse des températures : elle accélère l’évaporation et rend les réserves d’autant plus fragiles.

À mesure que les ressources en eau douce se raréfient, la santé publique, l’agriculture, l’industrie et la cohésion sociale de nombreux territoires vacillent. Les projections du World Resources Institute montrent une extension rapide des zones soumises à un stress hydrique sévère. Aujourd’hui, gérer l’eau potable demande une stratégie pointue et une capacité d’anticipation sans faille.

Quels pays et régions seront les plus exposés face au manque d’eau ?

La cartographie des régions à risque en 2040 ne laisse guère place aux illusions. Le bassin méditerranéen concentre une bonne part des zones menacées par un stress hydrique aigu. En France, les regards se tournent vers la Provence-Alpes-Côte d’Azur, déjà coutumière des restrictions, où le débit des cours d’eau pourrait encore chuter. L’Auvergne-Rhône-Alpes n’est pas mieux lotie, prise en étau entre fonte accélérée des glaciers et sécheresses répétées.

En remontant vers le nord, la Bourgogne-Franche-Comté fait face à un défi discret mais dangereux : le retrait-gonflement des argiles. Ce phénomène, exacerbé par les variations du niveau d’eau douce, fragilise les bâtiments et les infrastructures. Même les régions jusqu’ici épargnées voient leur situation évoluer, sous la pression d’un réchauffement climatique qui ne faiblit pas.

À l’international, le Moyen-Orient s’impose comme l’une des zones les plus critiques. Les températures grimpent, les ressources renouvelables en eau s’amenuisent, et les tensions entre pays voisins ne cessent de croître. L’Inde et la Chine, tirées par une démographie galopante, peinent à équilibrer besoins et réserves d’eau potable. En Afrique subsaharienne, la situation se tend : sécheresses plus fréquentes, concurrence féroce pour accéder à la ressource, et des populations parfois laissées pour compte.

Voici les territoires qui figurent parmi les plus menacés par la pénurie d’eau à l’horizon 2040 :

  • France : Provence-Alpes-Côte d’Azur, Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté
  • Moyen-Orient : pression extrême sur les aquifères partagés
  • Asie du Sud et de l’Est : Inde, Chine, Bangladesh
  • Afrique subsaharienne : aussi bien les zones rurales qu’urbaines souffrent d’un manque chronique

Face à une telle montée du niveau de risque, la question de l’adaptation ne se pose plus : elle s’impose. Anticiper les impacts du changement climatique, revoir d’urgence les modes de gestion, adapter les usages, voilà ce qui conditionnera la résilience de ces régions déjà sous tension.

Jeune garçon remplissant un bidon à une fontaine publique urbaine

Des solutions concrètes pour s’adapter et préserver la ressource dès aujourd’hui

Affronter la raréfaction de l’eau potable suppose de changer de cap, d’innover et de transformer nos habitudes. Le plan Eau dévoilé en 2023 trace une voie double : réduire la consommation et multiplier les sources. Première étape, remettre les écosystèmes naturels au cœur de la stratégie. Restaurer les zones humides, revitaliser les ripisylves, préserver des sols vivants, tout cela permet d’augmenter la capacité d’infiltration et de stockage. Ces milieux servent d’amortisseurs naturels face aux sécheresses, limitant l’évaporation et les pertes.

Dans les territoires où les prélèvements sont les plus élevés, il devient urgent d’adopter des solutions sobres. Les collectivités lancent des projets pour valoriser les eaux non conventionnelles : le recyclage des eaux usées traitées prend racine, notamment pour irriguer les cultures ou nettoyer les espaces urbains. Cette approche technique, longtemps marginale, devient rapidement incontournable.

La tarification progressive gagne du terrain dans les réseaux d’eau : elle encourage la sobriété, sans pénaliser les usages essentiels. Pour entraîner une prise de conscience collective, il faut aussi s’appuyer sur la pédagogie. Les campagnes de sensibilisation utilisent les données du World Resources Institute pour rendre visibles les tensions sur les cours d’eau et rappeler l’urgence d’agir.

Les leviers d’action pour préserver la ressource s’articulent autour de plusieurs axes :

  • Remise en état des zones humides et protection des sols vivants
  • Développement du recyclage des eaux usées traitées
  • Mise en place d’une tarification progressive de l’eau
  • Mobilisation locale pour l’adaptation des pratiques sur chaque territoire

La réussite dépend d’une coordination serrée entre acteurs locaux et perspectives globales. Les études récentes le confirment : seule une gouvernance partagée, capable d’anticiper les tensions et d’accompagner la mutation des usages, permettra d’éviter que la pénurie d’eau ne devienne la norme.

D’ici 2040, la disponibilité en eau dessinera de nouvelles frontières. Reste à savoir qui relèvera le défi avant que la sécheresse ne s’impose comme règle du jeu.