Un chiffre sans détour : 15 % des enfants et 4 % des adultes vivent avec un eczéma persistant, parfois malgré des soins rigoureux et des traitements bien suivis. À l’ombre des crèmes et des pommades, l’alimentation joue un rôle trop souvent sous-estimé, capable de peser lourd dans la balance des poussées.
La carence en acides gras essentiels augmente le risque de poussées d’eczéma, même en présence d’une routine de soins adaptée. Les déficits en zinc et en vitamine D figurent aussi parmi les facteurs aggravants, freinant la réparation de la barrière cutanée.
Des études cliniques montrent que certaines habitudes alimentaires déséquilibrées, parfois perçues comme inoffensives, contribuent à la persistance des symptômes. Adapter l’alimentation, dès le plus jeune âge, réduit la fréquence et l’intensité des crises chez les personnes prédisposées.
L’eczéma : comprendre les causes et le rôle de l’alimentation
L’eczéma, aussi appelé dermatite atopique, ne fait pas dans la discrétion. Cette maladie inflammatoire s’installe durablement, avec son cortège de démangeaisons tenaces et de sécheresse récalcitrante, frappant enfants et adultes. Les chercheurs pointent plusieurs facteurs de risque : héritage génétique, faiblesse de la barrière cutanée, contacts avec des allergènes, et bien sûr, déséquilibres nutritionnels.
La peau a une mission de garde-frontière : sa fonction barrière protège des agressions extérieures. Si cette ligne de défense faiblit, allergènes et irritants s’invitent, déclenchant une réaction immunitaire démesurée. Résultat : sur la peau atopique, l’inflammation s’installe, les symptômes s’enchaînent, rougeurs, plaques, prurit, et les crises s’accumulent. Aujourd’hui, la science souligne l’interdépendance entre maladie de peau et alimentation : certaines carences amplifient la fréquence et l’intensité des épisodes.
Les allergies alimentaires jouent parfois un rôle dans le déclenchement ou l’aggravation de l’eczéma atopique. Les protéines du lait, les œufs et les arachides sont régulièrement pointés du doigt chez les enfants. Mais la réalité est plus complexe : tous les patients ne développent pas une réaction allergique clairement identifiable. Il faut aussi s’intéresser aux déficits plus discrets : manque d’acides gras polyinsaturés, de vitamine D, ou de zinc. Ces carences minent la cohésion cellulaire, entravent la réparation de la peau et exposent à des barrières cutanées fragiles.
Qu’il soit atopique, de contact ou chronique, chaque type d’eczéma repose sur une base inflammatoire, mais c’est dans le terrain atopique que le lien alimentation-peau se révèle le plus marquant. Comprendre ces rouages permet de repenser la prise en charge, en intégrant la recherche des carences nutritionnelles et l’adaptation de l’assiette à chaque profil.
Carences nutritionnelles : quels impacts sur la peau ?
La peau reflète l’équilibre, ou les déséquilibres, de ce que nous mangeons. Chez les personnes touchées par l’eczéma, chaque carence nutritionnelle fragilise un peu plus la barrière cutanée et aggrave les symptômes. Les omégas, notamment l’EPA et le DHA présents dans les poissons gras ou certaines huiles végétales, nourrissent la souplesse et l’hydratation de l’épiderme. Un manque, même discret, se traduit souvent par une sécheresse accrue et un terrain favorable aux démangeaisons et à l’inflammation.
Les vitamines ne sont pas en reste. La vitamine D, produite grâce aux UVB ou fournie par l’alimentation, module la réponse immunitaire et tempère la gravité des poussées. Le zinc, quant à lui, est le chef d’orchestre de la réparation cellulaire et de la robustesse de la fonction barrière.
Trois éléments méritent une attention particulière :
- Omégas (EPA, DHA) : un soutien direct à l’intégrité de la barrière cutanée
- Vitamine D : apaise l’inflammation et renforce les défenses de la peau
- Zinc : accélère la cicatrisation et réduit la sensibilité aux irritants
L’alimentation actuelle, souvent trop pauvre en aliments riches en omégas et en micronutriments, favorise les déséquilibres. Les probiotiques font l’objet d’études encourageantes, surtout dans l’accompagnement des peaux atopiques. Les compléments alimentaires peuvent compléter une démarche globale, à condition de rester mesurés et adaptés à chaque cas.
Quels aliments privilégier ou éviter pour mieux gérer l’eczéma ?
De nombreuses personnes concernées par l’eczéma constatent une aggravation des symptômes après certains aliments. Sans provoquer la maladie, l’alimentation influence bel et bien la sévérité des poussées. Miser sur les fruits et légumes frais, riches en polyphénols, antioxydants et fibres, aide à renforcer la barrière cutanée et à limiter l’inflammation.
Un apport adapté en acides gras oméga-3, poissons gras comme maquereau, sardine, saumon sauvage, graines de lin ou huiles végétales telles que colza ou noix, favorise la souplesse de la peau. Les sources alimentaires de vitamine D (œufs, poissons, champignons) méritent une place régulière pour celles et ceux sujets à l’eczéma.
Certains produits, en revanche, sont notoirement suspects. Les protéines de lait de vache, les œufs, les arachides et les fruits à coque sont des allergènes fréquents, surtout chez l’enfant atteint de dermatite atopique. Les aliments ultra-transformés, saturés en sucres rapides, additifs et graisses saturées, perturbent l’équilibre immunitaire et le microbiote intestinal.
Voici un aperçu des aliments à inclure ou à limiter pour atténuer les poussées :
- Aliments à privilégier : poissons gras, huiles végétales, légumes verts, fruits rouges, graines, aliments fermentés
- Aliments à limiter : lait animal, œufs, arachide, produits sucrés, charcuteries, préparations industrielles
En cas de symptômes persistants ou d’eczéma atopique sévère, la recherche d’une allergie alimentaire s’impose. Un suivi avec un allergologue permet d’éviter les exclusions injustifiées et d’assurer une alimentation équilibrée.
Conseils pratiques pour toute la famille, y compris les bébés
La gestion de l’eczéma s’appuie sur une discipline précise, pensée pour chaque membre de la famille. Pour protéger la barrière cutanée, privilégiez les soins cutanés doux : gels surgras, crèmes émollientes sans parfum, bains tièdes ne dépassant pas dix minutes. Pour les plus petits, une crème hydratante appliquée deux fois par jour, même sans poussée, aide à espacer et adoucir les crises.
Les huiles végétales de tournesol ou d’onagre offrent à la peau des acides gras précieux. À l’inverse, les huiles essentielles sont à bannir chez l’enfant. L’alimentation constitue aussi un axe d’action : diversité, réduction des produits ultra-transformés, surveillance des apports en oméga-3. Si une allergie alimentaire est suspectée, mieux vaut consulter un allergologue avant de retirer certains aliments.
Quelques mesures concrètes renforcent l’efficacité des soins quotidiens :
- Lavage des vêtements avec des lessives hypoallergéniques.
- Ongles courts pour limiter les lésions dues au grattage.
- Aération quotidienne de la chambre.
Pour petits et grands, il vaut mieux miser sur les vêtements en coton et éviter le contact direct avec les matières synthétiques ou la laine. Le stress et la qualité du sommeil pèsent aussi sur l’évolution des poussées. Surveillez l’apparition de signes infectieux, surtout chez les bébés, et n’hésitez pas à solliciter un professionnel de santé au moindre doute.
Quand la peau s’embrase, chaque geste, chaque choix dans l’assiette, devient une pièce du puzzle. Reprendre la main sur l’eczéma, c’est refuser de subir, et redonner à la peau une chance de respirer librement.


